Tu disais
Tu disais
Tu disais : « mon cœur est une tour de Babel, tant de souffles y demeurent »
Tu disais encore : « je tiens la vie au creux de ma main et n’ose pas l’attraper »
Et encore : « rien ne vaut le sourire d’une fleur si ce n’est la caresse d’un papillon »
Tu disais, tu disais tant de choses
Ton cœur avait le sourire d’une fleur
Et nulle main ne su le saisir pour le garder
Il faut laisser vivre une fleur et sécher ses larmes dans le sillon
Tu disais : « il y a tant de métamorphoses »
Tu disais : « mon cœur est une tour rebelle, tant de souffle y vivent et meurent »
Tu disais encore : « je tiens la vie au creux de mes lendemain, qui pourrai bien l’attraper »
Et encore : « rien ne vaut que de rire de ses peurs si ce n’est la caresse des saisons »
Tu disais, tu disais tant et tant de choses…
Hugo
Genève
Mars 2009
J'accuse
J’accuse
J’accuse
Le désert dérisoire des désirs assommés
J’accuse
L’étang des instants hésitants, abîmés
J’accuse
Les rives rêvées des rivières enfiévrées
J’accuse
Les sermons semés et les cernes enivrées
J’accuse, j’accuse
Pourtant, j’ouvre mon âme au ciel
A toutes ces ruses
A tous ces espoirs matriciels…
Hugo
Genève
Mars 2009
On est toujours
On est toujours
On est toujours l’indien, un cowboy de bazar
Chien perdu sans collier, sans un os à ronger
Dans ces océans d’amour et ces lits de hasard
Dans ces sables émouvants, dans ces bras à songer
On brûle toujours ses ailes à des soupirs, des voix
A des « je t’aime » étales, des plaisirs illusoires
Des sermons de sable qui coulent entre les doigts
Des sermons déraison dans des ciels dérisoires
On jure pour toujours sur ses larmes séchées
Que cette fois-ci, c’est la dernière des dernières
La fin de la saison des amours amers arrachées
Aux souffles des passions des déserts de pierres
On crache toujours sur ces étoiles crachées
Dans les marais profonds du cœur et de l’âme
Mais on garde le flambeau tel un secret caché
Quand les mots se taisent, on embrasse la flamme
Puis on arpente la scène pour sortir côté cour
Quand surgit du jardin une exhalaison diaphane
Une image de hasard qui rend le souffle court
Et attise les passions quand d’autres se fanent
Alors, on dit « toujours » quand on pensait « jamais »
On abandonne le port pour rêver ses envies
Et on oublie ses larmes et le chiendent qui germait
Et on apprend l’espoir, et on s’éprend de la vie…
Hugo
Genève
Mars 2009
Vanité
Vanité
Automatisme
De l’écriture et des sens
En forme d’isthme
Entre conscience et inconscience
Entre réalité et songe
Tu es planté là, telle une forteresse inexpugnable
Dans le cancer qui ronge
Le désir inatteignable
Erotisme
Du fantasme naissant
Au sein du cataclysme
De l’égo, chiendent turgescent
De la vanité de la condition humaine
Tu es le vain automatisme de la déraison
De l’âme catéchumène
En attente du baptême des saisons
Mimétisme
Des chairs en pâmoison
Victimes des
automatismes
Des liqueurs et des
poisons
De l’océan des désirs
profonds
Tu es le vrai point d’égalité
pour tous les hommes
A l’extraction noble ou
des bas-fonds
Pauvre hères à l’illusion
de surhomme…
Hugo
Genève
Février 2009
Léman
Léman
Tout près de moi, il y a le Léman
Miroir aux reflets mobiles
Cerné par les lueurs des villes
Au loin, en sentinelle, les géants
Corps de rocs couronnés de blancs
Servant de socles aux brumes laiteuses
Du ciel d’hivers aux troupes nuageuses
Géants arborés en bas sur les flancs
Léman, aux deux ferventes amantes
Couchées lascivement sur des rives opposées
Elles se rejoignent dans un baiser
Qui ressoude les landes et les multiples sentes
Hugo
Genève
Février 2009
A la recherche de l’inutile
A la recherche de l’inutile
A la recherche de l’inutile
Dans les méandres de ma cervelle
J’ai trouvé du nécessaire futile
De la poussière d’ange sans aile
J’ai parcouru des traboules et des venelles
Des souks aux souvenirs incertains
Aux regards insolents des belles
Aux senteurs d’iode et de tarte Tatin
J’ai frôlé des voiles de moire et de satin
Bu aux fontaines d’or de l’eau fraiche
J’ai croqué dans la nuit jusqu’au matin
Des soupirs, des rires et quelques prêches
J’ai griffé de mes ongles des terres sèches
Des souffles de néant et des chairs serviles
J’ai souffert des cimeterres et des flèches
J’ai vu l’univers dans l’espace d’une seule île
A la recherche de l’inutile
Dans les méandres de ma cervelle
J’ai trouvé du nécessaire futile
De la poussière d’ange sans aile…
Hugo
Genève
Février 2009
Le soleil allait se coucher
Le soleil allait se coucher
Le soleil allait se coucher
Que pouvait-il faire d’autre
L’âme s’était crashée
Aux pieds des vains apôtres
La vie franchissait le Rubicon
Et s’envolait vers d’autres cimes
Son parcours avait été abscons
Parsemé de Satan et d’Elohim
La flamme s’éteint presque éteinte
Le souffle effaçait le discours
Le néant usait de ses dernières feintes
Pour grimer l’appelle au secours
Le soleil allait se coucher
Que pouvait-il faire d’autre
L’âme s’était arrachée
Et balançait d’un abîme à l’autre…
Hugo
Genève
Janvier 2009
De poussières en déserts
De poussières en déserts
De poussières en déserts
De passions en saisons
Envolées dans les airs
Tu oublis ta prison
Tu oublis tes prières
Tu caches ta raison
Sous de lourdes paupières
Lourdes de déraison
Tu caresses les pierres
Des murs de ta prison
Tu oublis le lierre
Qui s’y accroche sans raison
Tu brûle ton âme fière
Aux fantasmes des saisons
Dans l’écume amère
Des chairs de tes passions
Et entre deux cœurs raccords
Tu t’agites et rugis
Et tu espères encore
Quand l’amour surgit
Hugo
Genève
Janvier 2009